Prendre soin du microbiote pour traiter l’amaigrissement : des résultats intéressants

Pendant l’hiver, les besoins énergétiques du cheval sont augmentés. L’adaptation au froid, aux intempéries ainsi que la raréfaction de l’herbe sont autant de bouleversements pour l’organisme, propices à l’apparition de pathologies. Il n’est pas rare de rencontrer des animaux qui ont des difficultés à rester en état lors de ce changement de saison.

Les chevaux âgés sont d’autant plus vulnérables. Nous vous proposons ce mois-ci de revenir sur la gestion du cheval senior souffrant d’amaigrissement ainsi que sur les résultats d’une étude présentée aux Journées Nationales des GTV en 2016 étudiant l’intérêt de soutenir le microbiote intestinal pour résoudre l’amaigrissement chronique du cheval âgé.

On considère le cheval comme âgé à partir de 20 ans. Tout comme les humains, il subit des dégradations physiologiques et métaboliques liées à l’âge qui peuvent provoquer un amaigrissement. On peut répartir ces dégradations en 3 catégories :

Des défauts d’apports
énergétiques ou d’ingestion

Chez le cheval sénescent, la sensation de faim et de soif est nettement diminuée ce qui peut provoquer un désintéressement de la ration et une déshydratation. La compétition hiérarchique avec les autres congénères mais aussi les pathologies locomotrices (plus fréquentes avec l’âge) peuvent réduire considérablement le temps alloué à l’alimentation et le volume ingéré.

Le vieux cheval est aussi davantage sujet aux affections dentaires : caries, défaut d’occlusion, dents manquantes etc… Une dentition en mauvais état provoque irrémédiablement des troubles de la mastication, une ingestion et une insalivation des aliments insuffisantes et donc une diminution de la digestibilité des aliments. Classiquement on observe un allongement du temps de mastication, une dysphagie, la formation de boulettes d’herbe recrachées ou la présence d’éléments non digérés dans les crottins.

Des modifications de l’activité
métabolique

  • Le cheval âgé supporte moins bien les variations de température, il voit ses besoins énergétiques augmenter, nécessitant d’adapter la ration.
  • Le vieillissement induit une diminution des sécrétions hormonales. Des troubles endocriniens peuvent apparaître : Syndrome de Cushing, Syndrome Métabolique Equin…
  • Des défaillances organiques peuvent également être à l’origine d’un amaigrissement chronique. Par exemple, l’insuffisance hépatique conduit à un défaut d’utilisation des nutriments alors qu’une insuffisance rénale chronique, plus rare, entraîne une augmentation du catabolisme.

Des modifications de l’activité
métabolique

On observe également une diminution des sécrétions digestives ainsi qu’une atrophie des microvillosités intestinales diminuant la surface d’absorption. De plus, les protéines et le phosphore sont moins bien assimilés que chez les jeunes chevaux. Enfin, rappelons que l’intestin du cheval héberge un microbiote riche et varié dont les mécanismes de fermentation fournissent 50 à 70% des apports énergétiques en plus d’offrir une barrière supplémentaire vis-à-vis des pathogènes. Il est possible que les troubles de digestion et d’absorption puissent également s’expliquer par une altération ou une modification du microbiote intestinal comme on peut l’observer chez l’humain.[1]

Quelle alimentation pour le cheval senior ?

Les besoins nutritionnels du cheval âgé ne sont fondamentalement pas différents des autres chevaux mais leurs performances sont plus faibles d’un point de vue métabolique. Il faut donc favoriser des aliments de qualité, hautement digestibles et facilement assimilables. Si le cheval présente d’autres pathologies, il faudra ajouter des mesures diététiques supplémentaires adaptées. Voici quelques conseils que vous pouvez donner aux propriétaires :

  • Idéalement, fractionner la ration sur la journée et la distribuer à heure fixe.
  • Privilégier les fourrages qui sont une source d’énergie facilement assimilable auxquels on ajoute un CMV ou une pierre enrichie.
  • Toujours distribuer d’abord l’eau, puis le fourrage et enfin les concentrés.
  • Augmenter l’apport énergétique de la ration avec de l’huile (colza ou soja).
  • Pour les chevaux présentant des pathologies dentaires, privilégier les aliments floconnés ou les mash.
  • Mouiller ou dépoussiérer le foin pour les animaux ayant des atteintes du système respiratoire.

Peut-on résoudre un
amaigrissement chronique en
prenant soin du microbiote
disgestif ?

Outre toutes les mesures diététiques citées ci-dessus, il peut être intéressant de stimuler le microbiote intestinal afin d’améliorer la digestibilité de la ration et d’en optimiser sa valorisation. Ainsi, les produits de notre gamme Process®, disposant de la technologie innovante ProbioactiFAP®, fournissent notamment des substrats nécessaires au développement des bactéries bénéfiques de la flore intestinale permettant d’agir sur le microbiote et ce, sans supplémentation exogène en probiotiques.

Une étude en station expérimentale, présentée aux cours des Journées GTV de 2016, a montré des résultats encourageants :

6 hongres présentant un amaigrissement chronique (âge moyen : 24 ans) ont bénéficié d’un programme de supplémentation en Equi Process® pendant 60 jours. Ces chevaux ont été étudiés dans des conditions de vie et d’activité similaires. Tous recevaient une ration adaptée depuis plus de 4 mois, étaient à jour de leurs vaccins et traitements antiparasitaires. Aucun d’entre eux ne souffrait de pathologie particulière et les causes d’amaigrissement en rapport avec un défaut d’ingestion ou un apport énergétique insuffisant ont été écartées.

Le design de l’étude est le suivant :

A l’issue d’une analyse statistique, l’étude a révélé quelques résultats intéressants :

Figure 1 – Evolution moyenne du poids vif (kg) et de la note d’état corporel des chevaux recevant la supplémentation en Equi Process® de J0 à J31

Au niveau de l’état général, dès J4, les chevaux qui présentaient un pelage de mauvaise qualité ont vu leur robe s’améliorer.

Figure 2 – Evolution des paramètres biochimiques des chevaux recevant la supplémentation en Equi Process® de J0 à J31

En conclusion

 partir de 20 ans, l’organisme du cheval sénescent subit de nombreuses modifications physiologiques pouvant entraîner un amaigrissement. Il est donc important de veiller à adapter son alimentation de manière à ce que, malgré les difficultés à valoriser la ration, le cheval âgé puisse couvrir ses besoins énergétiques. Dans le cas d’un amaigrissement chronique, la supplémentation en Equi Process® a montré des résultats pertinents qu’il serait judicieux de confirmer par une étude à plus grande échelle.

Sources :

PAUL, S. et al. 2016. « Peut-on résoudre un amaigrissement chronique du cheval âgé en prenant soin de son microbiote digestif ?». Journées Nationales des GTV. pp 561-563

LESOBRE, B. 2016. « Comment alimenter les chevaux séniors : besoins et spécificités du cheval âgé ». Journées Nationales des GTV. pp 570-575

[1] CLAESSON, MJ. et al. Gut microbiota composition correlates with diet and health in the elderly. Nature, 2012,448(7410), 178-184.

GP-R-FR-NON-200900028